{. Peace And Quiet On Central Park_ [PV Jan']

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Il était une fois une belle princesse dans son château, qui attendait son Prince Charmant, qui viendrait la délivrer de sa méchante belle-mère...

Voilà les belles idioties qu'entendit Alice en passant devant une maman qui racontait une histoire à son bébé. Mais que venaient faire là les contes de fées ? Pour la jeune fille, la vie à New-York ressemblait à tout, sauf à un conte de fées. Si elle avait été méchante, elle aurait certainement crié à la jeune maman que les contes de fées n'existaient que dans l'imagination des petites filles et petits garçons. Mais Alice n'était pas ce qu'on peut qualifier de méchante, aussi elle passa son chemin sans rien faire d'autre que soupirer d'agacement.

Sa mère ne lui avait jamais raconté aucune histoire, et ce n'était certainement pas maintenant qu'elle allait commencer. Alice avait 15 ans, fini le temps des parents qui viennent border les enfants ; fini le temps des doux baisers avant de s'endormir. Maintenant, c'étaient des SMS avec la meilleure amie en guise de berceuse ; ou bien télévision avec endormage sur un film à l'eau de rose, et réveil un peu plus tard sur un film moins regardable. Finie l'enfance, chère Alice...

Un oiseau qui passait au-dessus de son crâne lui fit lever la tête. Elle remarqua le volatile, et sans s'en rendre compte, se mit à sourire bêtement. Central Park était calme cet après-midi ; les seuls bruits que l'on pouvait entendre étaient les chants divers des oiseaux, ou bien le vrombissement lointain des voitures new-yorkaises. Les talons hauts d'Alice produisaient un léger crissement lorsqu'elle posait le pied sur les graviers jaunis qui recouvraient le chemin serpentant entre les belles pelouses.

Justement, en parlant de pelouse, voilà que la jeune fille arrivait à celle qu'elle avait l'habitude de fréquenter. Seule, ou avec une ou un ami, elle venait ici assez régulièrement, lorsque le temps le lui permettait. Près d'elle se trouvait un gros chêne dont l'ombre sécurisante ne donnait qu'une envie : celle de s'endormir pour ne plus jamais se réveiller et affronter les dures réalités de la vie.

Alice pénétra sur la pelouse, et tout de suite ses pieds l'en remercièrent. Finis les graviers bruyants, bonjour la douce et veloutée pelouse verte ! La jeune fille parvint au chêne et se mit assise en dessous. Elle lissa les plis de son jean, et vérifia si l'herbe était bien sèche ; la saison des pluies venait à peine de commencer, par conséquent on ne pouvait jamais avoir confiance en n'importe quelle pelouse.

Alice se maudit soudainement de ne pas avoir pris son livre avec. Tant pis, elle se contenterait de regarder passer les nuages, sa musique dans les oreilles... Elle sortit son lecteur mp4 de sa poche et s'enfonça les écouteurs dans les oreilles, pour ne plus penser à rien ; juste à la beauté de ce ciel d'automne.

C'était encore un après midi comme un autre qui semblait s'écouler sous le ciel de New York. La plupart des étudiants avaient deserté les lieux clos pour profiter du soleil qui s'était fait plutôt discret au cours des derniers jours. Le calme règnait dans Central Park, quelques couples se prélassant au soleil, quelques familles aussi, et les habituels enfants qui couraient à travers le parc en hurlant à tue tête 'Prêt ou pas, J'ARRIIIIIVE'. A part cela, rien ne semblait venir rompre la tranquilité de cette belle journée. Rien, ou presque.

Ahhhhhh la Salopeuuuuuuuuh va laver...

Quelques personnes intriguées relevèrent la tête vers la voix qui criait plutôt qu'elle ne chantait les paroles d'une chanson paillarde. Des trémolos dans la voix, comme si elle se trouvait actuellement sur des montagnes russes, Jan' était là dans toute sa splendeur.
Ou pas.
La tête lui tournait, et ses yeux refusaient de tenir en place, tout comme son corps qu'elle ne contrôlait que très vaguement. Une bande de jeunes l'accompagnaient, ou plutôt la suivaient bêtement, comme à leur habitude. Laissez moi vous résumer la situation.

En début d'après midi, comme à son habitude, la jeune fille était sortie avec quelques amis, dans l'idée de s'amuser un peu. L'humeur de la journée était aux paris, et une chose en entraînant une autre, Jan' et un de ses camarades se retrouvaient à vider cul sec sur cul sec une bouteille de Whisky. Pour sa défense, c'était en l'occasion de l'anniversaire dudit camarade, du moins c'est ce qu'elle se répétait pour se donner bonne conscience. Conscience qui était pour ainsi dire inexistante en ce moment de délire total. Janisse tentait d'aligner ses pas, arrêtant soudain de chanter, un air intrigué se formant sur son visage. A cet instant, plus rien ne comptait, sa réputation, ses cheveux blonds un brin trop ébouriffés ou encore sa robe froissée. Les joues rougies par l'alcool, ses yeux de poupée écarquillés, Jan se dirigeait d'un pas décidé vers la somptueuse fontaine centrale de central park (on va dire xD).
Émerveillée par cette merveille de sculpture, Jan' se hissa sur le bord de marbre, observant la surface agitée de l'eau. Appercevant son reflet, la jolie blonde se pencha légèrement et perdit l'équilibre. Les quelques personnes qui l'avaient reconnu virent alors Janisse Sullivan s'applatir comme une crêpe à la surface avant de disparaître un instant.

Au s'couuuuuuuuuurs

Sa tête blonde trempée réapparut à la surface, alors que la jeune fille semblait se noyer dans les 90cm d'eau x).

Un, deux, trois... Les nuages défilaient un par un, comme poussés par un quelconque vent venu d'on ne sait où. Cela faisait à peu près deux chansons et demie que la jeune Alice était couchée là, dans l'herbe, de tout son long et sans aucune tenue. En parlant de tenue, elle n'avait même pas remarqué qu'à quelques mètres d'elle, près de la grande fontaine, une populaire jeune femme avait oublié la sienne. Elle déambulait telle une somnambule. Somnambule ? Non, juste complètement bourrée. Mais ce détail, personne ne le connaissait.

Il fallut un "

Au secours

" poussé dans les aïgus pour tirer Alice de sa rêverie. Mais avant qu'elle remarque ce jaune paille sortir de la fontaine, elle eut surtout le temps de voir des jeunes se marrer près de la fontaine. Elle vit alors quelque chose se débattre dans l'eau de la fontaine. Quelque chose de jaune, et apparemment en très mauvaise posture. Les gens autour de la fontaine, Alice les connaissait de vue. C'étaient des populaires, des gens à ne pas fréquenter quand on fait partie de la famille Maining, en somme...

Mais celle dans la fontaine, puisque ça avait l'air d'être une fille, Alice avait entendu dire d'elle qu'elle était la moins "bornée" de ces gens qu'on appelle populaires. Moins bornée ou plus bornée, personne n'avait l'air de vouloir l'aider. Les gens qui étaient peut-être ses amis la regardaient, et riaient comme des éléphants. Elégant, puisque tout Central Park alentour avait les yeux rivés sur eux... Voilà comment se faire remarquer à New-York : envoyer une amie dans une fontaine. Mais, l'avaient-ils vraiment envoyée eux ? N'était-elle pas tombée seule ? Ça, Alice n'en savait rien...

Ni une ni deux, elle enleva ses écouteurs et ne prit même pas la peine de mettre sa musique sur pause. Elle posa doucement son mp4 à côté d'elle et se leva en quatrième vitesse ; différence de contraste étonnante, n'est-il pas ? Et là voilà courant de toutes ses jambes vers la fontaine... Les gens autour de la petite "place fontaine" regardaient le spectacle avec amusement, ou avec peur. Certains se demandaient comment serait la vie à New-York sans ces jeunes drogués qui mettent l'ambiance de folie ; d'autres espéraient qu'un jour cette jeunesse plus si dorée que ça disparaisse pour ne plus réapparaître.

Sans réfléchir une seconde à ce qu'elle faisait, Alice sauta dans la fontaine à pied joints, manquant de se prendre ces derniers dans la murette de bord. Elle s'en foutait d'être mouillée, tant qu'elle pouvait sauver une vie ! (si toutefois celle-ci en valait la peine...) La femme (Alice en était sûre maintenant), continuait de demander de l'aide, se noyant dans même pas un mètre d'eau. En la tirant vers la surface, Alice se dit qu'elle devait vraiment être déchirée pour arriver à se noyer dans cette hauteur...

Bref, une fois que la jeune femme fut tirée d'affaire, Alice la fit asseoir sur le bord, en espérant que l'eau lui eut fait reprendre ses esprits, et en espérant aussi que les gens qui devaient être sa bande d'amis s'arrête de rire, ou au mieux, s'en aille. Elle se pencha sur celle qu'elle venait de sauver, et lui demanda d'une voix douce :

- Hey, ça va ?

Jan' se débattait toujours dans l'eau, éclaboussant ses pseudos amis qui se fendaient la poire en riant comme des attardés. Heureusement pour eux, la jeune fille n'était pas tout à fait lucide, et cela leur éviterait probablement de passer un sale quart d'heure.. Pour l'instant. Janisse toussait à s'en arracher les poumons, ne cessant de boire la tasse, ses cheveux formant une masse sombre devant son visage ce qui la paniquait encore plus. Pitoyable. Tel était sans doutes le mot qui décrivait le mieux la jeune fille à cet instant. Certains passants se stoppaient, amusés, d'autres plutôt choqués, tandis que d'autres encore ressentaient plutôt un brin de pitié. Peut être même certains étaient assez satisfaits au fond, la fille Sullivan payant enfin ses conneries en une humiliation publique. Sans qu'elle ne comprenne bien ce qui se passait, quelqu'un l'aida à se relever, mettant fin à sa détresse. Jan' se retrouva assise sur le bord, ses cheveux lourds d'eau dégoulinant sur ses épaules alors qu'elle reprenait peu à peu ses esprits. Sa tête lui tournait encore un peu, mais elle était bel et bien de retour sur Terre. Une voix la fit sortir de sa douc torpeur, et son premier réflexe fut de tourner la tête vers son interlocuteur. Arquant un sourcil en reconnaissant vaguement la jeune fille pour l'avoir déjà vue, Janisse sentit une bouffée de reconnaissance l'envahir, en comprenant que c'était elle qui l'avait aidée, alors que tous les autres idiots étaient resté là, riant à ses dépends. Jan' passa une main dans ses cheveux qui ne ressemblaient plus à grand chose, dégageant son visage, avant de répondre d'une voix un peu enrouée.

Oui je crois...

A vrai dire, elle était tout juste en train d'assimiler ce qui venait de lui arriver, et la chute était assez difficile à encaisser. Elle porta une main à son front, massant un instant ses tempes encore douloureuses. Elle se tourna ensuite brusquement vers les autres jeunes qui l'accompagnaient, alors qu'un d'entre eux s'approchait d'elle.

Jan, hey, ça va ou quoi?

La machoire de la jeune fille se crispa alors que ses mains serraient si fort le rebord de la fontaine que ses articulations en étaient blanchies. Elle ne tenait pas à s'énerver, cela ne ferait qu'aggraver son cas, et elle se contenta de leur ordonner de dégager d'ici d'une voix aussi brûlante que glaciale. Ceux ci s'executant, Janisse se tourna de nouveau vers la jeune fille brune, esquissant un sourire.

Je m'appelle Janisse. Janisse Sullivan.

Un léger vent soufflait sur Central Park, faisant voleter la moindre brindille dépassant d'une pelouse parfaitement tondue. Les cheveux d'Alice étaient intacts ; heureusement pour elle n'avait pas eu la malencontreuse idée de plonger totalement son corps dans l'eau afin de sauver cette blondinette populaire. Par contre, son jean était complètement trempé, jusqu'en haut des cuisses. Son top aussi était un peu mouillé sur le devant ; cela devait être dû au fait que la jeune femme avait tenu la blonde entre ses bras pour la relever... Ce petit vent faisait frissonner Alice. Encore un peu, et elle se mettrait à claquer des dents !

Elle fut étonnée de voir à quel point l'attitude des amis de la blonde avait énervé cette dernière. Il faut dire que si elle s'était retrouvée à sa place, ni une ni deux, Alice les aurait jarté. Sans préavis. C'était vraiment puéril de la regarder se noyer à moitié et se contenter de se fendre la pipe... Bref, elle fut contente qu'ils obéissent à la blondinette qui disait s'appeller Janisse Sullivan et qu'ils s'en aillent. Alice n'aurait pas aimé qu'ils restent là, après ce qu'il venaient de ne pas faire.

- Moi c'est Alice Maining, contente d'avoir pu t'aider,

lança-t-elle en se tournant vers Janisse.

Elle esquissa un léger sourire et remarqua qu'elle avait paumé une chaussure... Celle-ci avait dû s'enlever de son pied lorsqu'elle avait sauté inopinément dans la fontaine. Alice se pencha et reprit son bien, avant de le remettre à sa juste place.